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Accidents du travail : des raisons insidieuses

En 2018 et en 2019, le nombre d’accidents du travail a augmenté. Pourtant, la plupart des entreprises font d’immenses efforts, humains et financiers, pour prévenir les accidents du travail. Elles améliorent le matériel, l’équipement et la communication en interne. Elles investissent dans la formation et mettent en place des documents uniques. Autant d’actions indispensables pour éviter de nombreux accidents du travail. Toutefois, pour réussir à en diminuer la prévalence, une nécessaire prise de conscience des raisons « cachées » semble s’imposer aujourd’hui.

image pourquoi les accidents du travail sont-ils en hausse

Des accidents du travail en hausse en 2019

Image Hausse des accidents du travail

Selon les statistiques de la Caisse nationale d’assurance maladie (1) pour  2019, le nombre d’accidents du travail est en hausse de 0,6 % par rapport à 2018, pour atteindre 655 715 accidents du travail déclarés. Cette augmentation fait suite à une hausse de 2,9 % en 2018. Ces chiffres recouvrent des réalités disparates selon les secteurs :

  • Le nombre d’accidents du travail baisse dans le BTP, le bois, le papier, le textile, le commerce non alimentaire, et la chimie.
  • Il se maintient à un niveau quasiment stable dans la métallurgie, le transport, l’énergie et l’alimentation.
  • Les accidents du travail augmentent de manière importante dans les services, (4 % pour l’administration, les banques, l’assurance, et 1,3 % pour l’action sociale).

Pourquoi une hausse des accidents du travail dans le secteur des services ?

Cette augmentation dans le secteur tertiaire paraît étonnante. En effet, comment des salariés, qui passent l’essentiel de leur journée assis derrière un écran d’ordinateur, peuvent être victimes d’accidents du travail ?

Cela peut s’expliquer par plusieurs facteurs, qui se combinent souvent :

  • La sédentarité augmente le risque de souffrir de diverses pathologies : hypertension,  cardiopathies coronariennes, accident vasculaire cérébral, diabète, cancer du sein et du colon. Mais elle entraîne aussi des dépressions, des troubles musculo-squelettiques et des chutes (2), qui peuvent survenir sur le lieu de travail.
  • Les personnes occupant des emplois dans le secteur des services ou à des postes d’encadrement sont soumises à un stress important. Cela se traduit par des troubles du comportement alimentaire, du sommeil, et/ou psychosomatiques. Autant de facteurs qui augment le risque d’accidents du travail ou sur le trajet domicile-travail.
  • Si les entreprises agissent efficacement pour diminuer les risques d’accidents du travail dans leurs départements production, elles sont en général moins conscientes de ces risques pour leurs salariés administratifs, notamment au niveau des TMS. Ceux-ci ne sont donc souvent pas accompagnés par une politique de prévention des risques.

Le recours accru au télétravail en 2020, en raison de la crise sanitaire du coronavirus, va sans aucun doute accentuer cette tendance à l’augmentation du nombre d’accidents du travail pour le secteur des services. En effet, le télétravail accroît encore davantage la sédentarité, les troubles musculo-squelettiques et les risques psycho-sociaux (3)

image télétravail, une des raisons de la hausse des accidents du travail

Pour compenser la sédentarité de leurs salariés administratifs, certaines entreprises incitent leurs salariés à faire du sport. Mais comme nous l’avons pointé dans notre article Le sport, est-ce vraiment la santé ? , il faut être vigilant pour éviter les blessures. En effet, la reprise d’une activité physique intense peut occasionner des traumatismes pour des organismes peu entraînés. Les intervenants en entreprise, missionnés pour remettre les salariés au sport, doivent donc prendre en considération l’individu dans sa globalité. Dans leur pratique, les experts Work’n Fit considèrent qu’il est absolument impératif d’adapter leurs conseils en fonction de chaque salarié, pour ne pas accroître le risque d’accident du travail.

Or envisager cette globalité les a amené à réfléchir aux facteurs de risques parfois cachés des accidents du travail.

Les accidents du travail : des raisons insidieuses

Certaines causes des accidents du travail sont bien connues, et les entreprises agissent concrètement pour les corriger. Toutefois, il existe également des raisons moins évidentes, qui expliquent pourquoi le nombre total d’accidents du travail stagne, malgré tous les efforts faits dans le domaine de la politique de prévention des risques.

La diminution de l’activité physique et ses conséquences

Ainsi que nous le disions précédemment, la sédentarité et son corollaire, la diminution de l’activité physique, ont des effets néfastes sur l’état de santé général et l’organisme : 

  • Diminution des réflexes, indispensables pour éviter notamment les chutes et la conduite d’engins.
  • Diminution de la sensibilité proprioceptive : il s’agit de la perception que nous avons de notre propre corps (4). Là encore, il s’agit d’un facteur aggravant le risque de chutes (28 % des accidents du travail(1))
  • Diminution de la capacité de production d’énergie et de la masse musculaire (5). C’est vrai en général pour les individus ayant un mode de vie occidental. Mais c’est également vrai pour les personnes qui rentrent de congés ou d’une période de chômage partiel. Après une pause même courte, l’organisme manque d’entraînement pour travailler. Cette désadaptation augmente le risque de blessures, de douleurs, voire de l’apparition de troubles musculo-squelettiques.

Une qualité de vie globale détériorée

Au-delà de la sédentarité, une raison sous-jacente à de nombreux accidents du travail est également la dégradation de la qualité de vie des individus :

  • Le stress, qui entraîne des troubles du sommeil et des dépressions.
  • La nourriture industrielle, souvent trop grasse, trop sucrée et trop salée, et peu nutritive.
  • Le manque de sommeil.
  • L’absence d’activité physique, ou à l’opposé une activité physique pratiquée de manière trop intensive.
image raisons hausse des accidents du travail dans le secteur des services

Autant de facteurs qui épuisent et « désentraînent » peu à peu l’organisme, augmentant le risque d’accidents du travail ou sur le trajet du travail. C’est pour cela que l’injonction à faire du sport, au sein de l’entreprise ou à l’extérieur, est à nuancer. Avant de pousser un individu à reprendre une activité physique, il faut faire le point avec lui sur son état de santé global. Et ainsi pouvoir le conseiller pour corriger les facteurs aggravant le risque traumatologique dans sa vie professionnelle et privée.

La nécessité de travailler « en conscience »

La dernière raison qui peut expliquer le maintien du nombre d’accidents du travail à un niveau élevé est le « mode automatique ». Ce comportement, que nous développons tous, notamment lorsque nous sommes fatigués ou lorsque nous manquons de motivation pour exécuter une tâche, est un danger au quotidien, sur notre lieu de travail, mais aussi dans notre vie en général. Ce mode automatique nous empêche d’agir en pleine conscience, d’être pleinement présent à ce que nous faisons. Il aggrave par conséquent le risque de blessure, de chute, ou d’accident de la route. Pour éviter les accidents du travail, il faut donc amener les salariés à prendre conscience de leurs gestes, à effectuer une révolution dans leur mentalité, afin de devenir les acteurs de leur sécurité. Dans le cadre de leurs prestations auprès des entreprise, les experts de Work’n Fit s’attachent à leur donner des outils pour les aider à prendre conscience de l’importance de prendre soin de leur santé, par des routines, des conseils individualisés, et des exercices personnalisés.

image solutions pour réduire la hausse des accidents du travail

David Léon, fondateur de Work’n Fit

image les outils Work'n Fit pour réduire les accidents du travail

Sources :

(1) L’essentiel 2019, santé et sécurité au travail, Caisse nationale d’assurance maladie,

(2) Organisation mondiale de la santé, Stratégie mondiale pour l’alimentation, l’exercice physique et la santé,

(3) La Tribune, François Cochet, 25/11/2020,

(4) Centre national des ressources textuelles et lexicales,

(5) Étude des docteurs Dan Cuthbertson, Kelly Bowden Davies and Juliette Normanhttps de l’université de Liverpool.